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Pourquoi le son des publicités semble-t-il plus fort ?

Ce phénomène a connu une brusque accélération avec le déploiement de la télévision numérique terrestre (TNT), car celle-ci constitue un terreau favorable au développement de la technique dite de « compression dynamique ». Cette technique vise à relever l’amplitude des éléments audio de faible niveau sonore afin de tendre vers le niveau maximal du signal audio.

 

Comment ce phénomène s’explique-t-il ?

 

À réglage identique de la télévision, certaines séquences paraissent plus fortes que d’autres aux oreilles des téléspectateurs. Ce phénomène provient du fait que l’oreille est sensible à la fois à l’amplitude du son et à sa durée : un son est d’autant plus perçu qu’il est prolongé dans le temps. Or le « volume » géré par le bouton de la télécommande contrôle uniquement le niveau maximal d’intensité sonore. Lorsqu’on baisse le son, toutes les amplitudes sonores sont diminuées à proportion de l’amplitude maximale permise.

 

Afin d’élever l’intensité sonore perçue et ainsi retenir l’attention de l’auditeur, les producteurs des messages publicitaires ont recourt à la compression dynamique du son. Cette technique consiste à relever l’amplitude des éléments audio qui se trouvent en dessous du niveau maximal. De cette manière, l’oreille est davantage sollicitée aux alentours de l’amplitude maximale et bénéficie de peu de « respirations » : le son est perçu plus fort. La compression dynamique permet ainsi d’augmenter significativement l’intensité perçue sans « augmenter le son » de la télévision… et donc sans l’accord du téléspectateur. Cette technique de compression de la dynamique sonore a connu un large déploiement dans l’industrie du disque avec la démocratisation du compact disque dans les années 1990 et ce qu’on appelle la « loudness war » : la guerre du volume.  

 

Les deux graphiques ci-dessous illustrent l’effet de la compression dynamique du son :

 

Son pub fig 1

Signal audio sans compression dynamique

 

Son pub fig 2

 

 Signal audio avec compression dynamique

Source : CSA.

 

Dans les deux cas, les signaux ont le même niveau maximal d’amplitude (volume identique au niveau de la télécommande). On constate, en revanche, que le second signal a été densifié : il va donc paraître plus fort aux oreilles de l’auditeur. Ce procédé technique provoque donc, lors de la restitution sur les enceintes, l’impression d’un son « plus fort » pour les messages publicitaires que pour les programmes qui les précèdent ou qui les suivent.

 

Outre l’inconfort que présente cette pratique en télévision, elle peut être commercialement contre-productive puisque, utilisée de manière excessive, elle peut inciter le spectateur à baisser ou à couper le son, voire à changer de chaîne. Il est cependant difficile pour les annonceurs de renoncer unilatéralement à mettre en avant leurs messages publicitaires par ce moyen.

 

 

Que faire pour y remédier ?

 

À l’initiative du CSA, une régulation concertée a été engagée. Elle représente un progrès pour l’ensemble des acteurs : les annonceurs, les téléspectateurs, mais aussi les chaînes de télévision, en butte aujourd’hui aux critiques de téléspectateurs excédés.

 

On ne peut toutefois pas empêcher totalement la variation d’intensité sonore lors de la diffusion des messages publicitaires, dans la mesure où le déroulement normal du programme est effectivement interrompu. Il s’agit donc de faire en sorte que les moments forts des publicités (souvent plus nombreux puisqu’elles consistent à transmettre un message séduisant en peu de temps) soient perçus, à terme, avec une intensité similaire à celle des moments forts des programmes interrompus. Cela permettra que les programmes se succèdent de façon plus harmonieuse, tout en permettant aux chaînes de conserver une identité et une couleur sonore propre.

 

Pour aller plus loin sur l’encadrement réglementaire de l’intensité sonore : encadrement réglementaire de l'intensité sonore.