Médias audiovisuels et Francophonie

Image d'illustration défense et promotion de la langue française.

    La langue française se distingue par une richesse et une diversité infinie tant par ses mots que par ses expressions imagées. La loi définit la langue française comme étant un socle inhérent à la construction et à la valorisation du patrimoine français.

    La compétence de l'Arcom en matière de défense et de promotion de la langue française émane de différents textes qui lui imposent une surveillance particulière en matière d’emploi du français dans l'ensemble des émissions et des messages publicitaires à l'exception des œuvres cinématographiques et audiovisuelles en version originale (cf : Articles 3-1 et 20-1 de la loi n°86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication).

    Par ailleurs, la loi prévoit des exceptions de diffusion en langues étrangères pour certaines œuvres et programmes.  

    Pour plus d’information, consultez les œuvres et programmes concernés

    L'Autorité s’appuie également sur la loi du 4 août 1994 qui a imposé aux sociétés de radio et de télévision « l’emploi de la langue française » ainsi que sur la décision n° 94-345 du 29 juillet 1994 du Conseil constitutionnel sur la loi précitée qui a souligné que la liberté de communication et d’expression impliquait « le droit pour chacun de choisir les termes jugés par lui les mieux appropriés à l’expression de sa pensée […]; la langue évolue, comme toute langue vivante, en intégrant dans le vocabulaire usuel des termes de diverses sources, qu’il s’agisse d’expressions issues des langues régionales, de vocables dits populaires ou de mots étrangers ».

    Les cahiers des charges de France Télévisions, de Radio France et de France Médias Monde contiennent également des dispositions en la matière. Pour les sociétés privées de télévision, des obligations, plus souples, figurent dans leurs conventions.

    Conscient que la nature même de la communication radiophonique et télévisuelle impose un style oral et justifie des facilités que bannirait la langue écrite, l'Arcom a adopté une recommandation n°2005-2, le 18 janvier 2005, relative à l’emploi de la langue française par voie audiovisuelle.

    Journée de la langue française dans les médias audiovisuels

    La Journée de la langue française dans les médias audiovisuels a été initiée par le régulateur en 2015 et s’inscrit dans le cadre de la Semaine de la langue française et de la Francophonie. Cet événement a pour but de donner aux médias audiovisuels l’occasion de montrer leur mobilisation en faveur du français.

    La langue française constituant la matière première des médias, ceux-ci jouent un rôle déterminant dans la vitalité de notre langue. Ils transmettent à travers elle une vision du monde, des cultures, des valeurs, des histoires communes. C’est pourquoi il leur incombe, aux côtés d’autres acteurs, de se faire les ambassadeurs du français, de le faire vivre et d’en montrer la richesse et la diversité au quotidien.

    Anglicismes : les équivalents français recommandés

    A l’exception de certains programmes destinés à des communautés étrangères ou à l’apprentissage des langues, l’usage du français est obligatoire dans les programmes et messages publicitaires. Cet usage n’est cependant pas exclusif (cf : Article 12 de la loi n° 94-665 du 4 août 1994).

    Il n’est pas interdit d’utiliser des mots étrangers s’ils sont accompagnés d’une traduction française « aussi lisible, audible ou intelligible que la présentation en langue étrangère ». Cette disposition s’applique plus particulièrement au domaine de la publicité afin de garantir la compréhension des messages pour une meilleure protection du consommateur (cf : Article 20-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, complété par la loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française).

    La circulaire du 19 mars 1996 concernant l'application de la loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française souligne qu’« une similitude des deux présentations et un parallélisme des modes d’expression entre les deux versions ne sont pas exigés. En outre, la traduction peut ne pas être au mot à mot, dès lors qu’elle reste dans l’esprit du texte original ». Il en résulte, d’une part, que la traduction de mentions en langue étrangère peut indifféremment être verbale ou écrite et, d’autre part, qu’il n’est pas nécessaire que la traduction française de mentions écrites en langue étrangère soit disposée à l’écran dans des conditions identiques ou que les caractères utilisés soient de taille ou de couleur formellement similaires. Mais il importe que la présentation en langue française se rapproche suffisamment de la présentation en langue étrangère pour pouvoir être regardée comme « aussi lisible, audible ou intelligible ».

    S’agissant des titres d’émissions en langue étrangère, seules les sociétés publiques de télévision et de radio ont l’interdiction d’attribuer à leurs émissions un titre constitué de termes étrangers. Trois dérogations sont toutefois prévues :

    • les titres d'émissions dont ces sociétés ont acquis les droits de diffusion et dont la conception leur échappe ;
    • les titres constitués d'un terme étranger dont il n'existe aucun équivalent en français ;
    • les titres qui ont été déposés à titre de marque avant le 7 août 1994.

    Recommandation n°2005-2 du 18 janvier 2005 relative à l'emploi de la langue française par voie audiovisuelle.

     

    Mot anglais

    Équivalents français

    Date de publication au 

    Journal officiel

    Bashing

    Éreintage

    15/9/2013

    Best of

    Florilège *

     

    Briefing

    Réunion préparatoire

    27/12/2006

    Biopic

    Film biographique

    27/11/2008

    Blog ou weblog

    Bloc-notes

    20/05/2005

    Brainstorming

    Remue-méninges

    22/9/2000

    Brief

    Instructions

    27/12/2006

    Broadcast

    Diffusion *

     

    Buzz (buzz marketing)

    Bouche à oreille

    12/6/2007

    Casting

    Audition (pour un comédien)

    18/1/2005

    Catch-up

    Télévision de rattrapage

    22/7/2010

    Challenge

    Chalenge, défi

    22/9/2000

    Coach

    Mentor, répétiteur, entraîneur *

    16/9/2006

    Crash

    Écrasement

    22/9/2000

    Crossmédia

    Multisupport

    22/7/2010

    Crossover

    Incursion

    9/9/2006

    Deadline

    Date-limite * 

     

    Debriefing

    Réunion-bilan

    27/12/2006

    Design

    Stylisme

    22/09/2000

    E-book

    Livre électronique

    18/01/2005

    Guest-star

    Invité vedette

    23/12/2007

    Hit parade

    Palmarès

    22/9/2000

    Kit

    Prêt-à-monter

    22/9/2000

    Live

    En direct / en public / en public et en direct

    5/3/2009

    Mail ou e-mail

    Courriel

    20/6/2003

    Morning

    Matinale *

     

    Newsletter

    Lettre d'information

    18/1/2005

    One man show

    Spectacle solo

    22/9/2000

    Peer-to-peer

    Poste à poste

    13/5/2006

    Pitch

    Résumé (condensé, argument, abrégé)

    16/11/2005

    Planning

    Planification, calendrier *, agenda

    22/9/2000

    Plug-and-play

    Prêt à l'emploi

    2/5/2007

    Podcasting

    Diffusion pour baladeur 

    Baladodiffusion

    25/03/2006

    Prime time

    Heure de grande écoute, avant-soirée

    Première partie de la soirée

    18/1/2005

    Scoop

    Exclusivité

    22/9/2000

    Scripted reality

    Réalité scénarisée

    11/2/2014

    Short list

    Liste restreinte * 

     

    Sitcom

    Comédie de situation

    18/1/2005

    Spin-off

    Version dérivée

    18/1/2005

    Sponsor

    Parraineur, mécène

    22/9/2000

    Sponsoring

    Parrainage, mécénat, patronage

    22/9/2000

    Streaming

    Diffusion en flux

    18/1/2005

    Talk

    Programme parlé *

     

    Talk show

    Débat-spectacle, émission-débat

    18/1/2005

    Téléshopping

    Téléachat

    22/9/2000

    Think Tank

    Laboratoire d'idées

    14/8/1998

    Timing

    Minutage

    22/9/2000

    Vintage

    Rétro, d'époque

     

    Langue française

    La plupart des lettres relatives à la langue française que reçoit l'Arcom concernent les emprunts inutiles à l’anglais.

    Il est vrai que les mots anglais sont nombreux à la télévision et à la radio et que leur emploi fâche bon nombre de téléspectateurs et d’auditeurs, surtout quand ils remplacent des mots qui existent dans notre langue ou pour lesquels des équivalents ont été proposés par les différentes commissions ministérielles de terminologie et de néologie.

    Les traductions françaises proposées pour les nouvelles créations lexicales anglo-américaines sont longtemps boudées par les professionnels des médias.

    Mauvaise adaptation de l'anglais

    Ainsi, il a fallu presque dix ans pour que le mot "voyagiste", recommandé dès 1992 par la commission ministérielle du tourisme, ait droit de cité à la télévision, alors qu’il était employé à la radio. Le "voyagiste" commence à remplacer l’anglais tour-operator et le franglais tour-opérateur.

    La "surréservation", quant à elle, est rapidement entrée dans l’usage, même si certains retardataires préfèrent parler de surbooking, mauvaise adaptation de l’anglais overbooking.

    Merci, Bernard Pivot, de nous avoir rappelé, à plusieurs reprises, lors de la quatre cent septième et dernière émission de Bouillon de culture, qu’il existait un mot français pour traduire le best of : le "florilège". « On va donc commencer ce florilège », a annoncé Bernard Pivot, et non comme on l’entend très souvent à la télévision et à la radio : « débuter le best of ».

    D’après les dictionnaires, un "florilège", (mot qui date de 1697), est un recueil de pièces choisies. Définition fidèle à l’étymologie du mot qui nous vient du latin moderne « florilegium » (de « flos », fleur et « legere » recueillir).

    Parlons donc de florilège et laissons le florilegium aux Anglais, puisque telle était la traduction du mot français dans la langue de Shakespeare, quand le best of n’existait pas...

    Certes, les adjectifs dérivés du nom cauchemar comportent un d, cauchemardesque, ou plus rare, cauchemardeux, mais ce d est une consonne de liaison qui n’appartient pas au radical. D’ailleurs, cauchemardesque a succédé au début du XXe à l’adjectif "cauchemaresque". L’absence du d dans le substantif cauchemar s’explique par son étymologie mi-picarde (cauche), mi-néerlandaise (mare avec disparition du e final), ce mot désignant un fantôme dans sa langue d’origine.

    L’accord par anticipation du mot « espèce » avec un complément masculin dans l’expression « un espèce de savant fou » est fréquent dans les médias audiovisuels mais reste rare dans la presse écrite.

    Maurice Grevisse fait remarquer que le caractère adjectival du syntagme « espèce de » est tel qu’espèce lui-même prend fréquemment le genre du nom complément : un espèce de prophète. Il note aussi qu’espèce était déjà parfois traité comme masculin au XVIIIe siècle : « un espèce de cabinet » (Saint-Simon), « un espèce de grand homme » (Voltaire), « un espèce de musicien » (Diderot).

    Malgré ces références à l’histoire de notre langue, dictionnaires et grammaires sont formels. Ainsi que le rappelle la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie, le mot espèce est toujours féminin et ce, quel que soit le genre de son complément.

    Si le mot "aréopage" est souvent confondu avec un aéropage qui n’existe pas dans notre langue, plus étonnant est le lapsus relevé par un Canadien habitant Toronto qui a entendu, à plusieurs reprises dans des programmes français, un "aréoport" pour "aéroport".

    Aéro-, du grec aêr signifiant air, est un préfixe que l’on trouve dans un grand nombre de mots français : aérodrome, aérodynamique, aérolithe, aéronaval, aéroplane, aéroglisseur, mais aussi aéromètre et il ne s’agit pas en l’espèce d’une coquille.

    Aréo- est un préfixe nettement moins fréquent que le précédent. On le rencontre dans le nom aréopage (trop souvent déformé en aéropage) employé aujourd’hui dans le sens d’une assemblée de gens très compétents. Calque du latin areopagus, venant du grec Areios pagos, l’aréopage désignait le tribunal qui siégeait à Athènes sur la colline d’Arès, dieu de la guerre. On trouve aussi le préfixe aréo dans le mot aréomètre : du grec araios qui signifie peu dense, ténu.

    Il y a bien dans notre langue des aréomètres et des aéromètres (ce dernier mot ayant disparu des dictionnaires les plus récents mais figurant toujours dans la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française). Les aéromètres servent à mesurer la densité de l’air et les aréomètres servent à mesurer le poids spécifique d’un liquide.

    Les sous-titrages affichent souvent des conjugaisons fantaisistes. Les erreurs régulièrement relevées concernent le présent, qu’il soit du subjonctif : "que nous ayons", "que vous soyez" orthographiés avec un "i" inutile ("que nous ayions", "que vous soyiez"), ou de l’impératif : "chante", souvent avec un "s" final fautif ("chantes") ; et même le présent de l’indicatif : "il envoie" écrit "il envoit" ou "il conclut" orthographié "il conclue". De même, le futur de conclure soulève quelques difficultés : on le rencontre sous la forme "il concluera" pour "il conclura".

    Téléspectateurs et auditeurs sont toujours un peu agacés lorsqu’ils entendent le nom de leur ville ou de leur village écorché par les journalistes.

    Une majorité de lettres reçues à ce sujet concernent la ville de Bruxelles, prononcée [bruksel] au lieu de [brussel], de même qu’Auxerre et Metz se prononcent [ausserre] et [mess], comme l’indiquent les dictionnaires.

    Les Chamoniards rappellent également que leur ville se prononce [chamoni], et non [chamonix]. Les Albenassiens souhaitent entendre le nom de leur ville prononcé [aubena] et non [aubenass]. Il en est de même pour les Privadois, Privas devant se prononcer [priva]. En revanche, à quelque quarante kilomètres de ces deux chefs-lieux, la petite ville de Lussas qui, chaque année au mois d’août, accueille les états généraux du film documentaire est très souvent appelée [lussa], alors que ses habitants font entendre le s final et disent [lussass].

    Si Agen et Le Pouliguen ont des terminaisons nasalisées et se prononcent [in], Pont-Aven rime avec dolmen.

    Alors que le Traité de prononciation française indique que le l est muet dans les noms Aulnaye, Aulnoye-Aymeries, le Petit Larousse illustré (1999) donne deux variantes [aunay] [aunoy] ou [aulnay] [aulnoy].

    Même évolution pour la prononciation de la ville et du territoire de Belfort. Il existait, en effet, deux prononciations, l’une régionale sans l, l’autre avec un l. C’est cette dernière qui l’a emporté, cependant la prononciation [befort] est aujourd’hui relevée, non seulement chez les anciens, mais aussi parmi les jeunes dont la famille est belfortine depuis plusieurs générations.

    Il faut se rappeler aussi qu’avant d’être prononcé [ménilmontant], le quartier de Paris s’appelait [ménimontant].

    Êtes-vous [montpeulier], [montpélier] ou encore [montpéyé] ?
    Un téléspectateur de la région parisienne a écrit à l'Arcom pour dénoncer la prononciation de la ville de Montpellier dans les médias audiovisuels, à l’exception d’une journaliste qui, selon lui, le prononce correctement en disant [montpélier] et non [montpeulier].

    À Montpellier, la presse locale se fait l’écho des controverses passionnées sur ce que doit être la bonne prononciation du toponyme.

    Les barons et baronnes de Caravette, titres honorifiques donnés aux Montpelliérains dont les parents, grands-parents et arrière-grands-parents sont nés et ont vécu à Montpellier depuis trois générations, sont partagés : les uns se réclament de [montpeulier], les autres défendent [montpélier].

    L’avis « autorisé » de certains chercheurs a été sollicité et un sondage a été réalisé, dans le cadre du CNRS, auprès d’un échantillon de 542 personnes, représentatif de la population montpelliéraine. Ces travaux ont débouché sur la publication d’un livre intitulé Les noms de Montpellier.

    Pour Jacques Bres, coordonnateur de l’ouvrage, la variation [montpeulier] [montpélier] s’explique de deux façons non exclusives l’une de l’autre. D’abord par des raisons de contact entre le français et l’occitan, Montpellier se prononçant [montpéyé] en occitan.

    Le é occitan en syllabe médiane atone, devient régulièrement [eu] en français. La prononciation [montpeulier] correspond au français standard alors que [montpélier] est une trace en français régional de l’origine occitane du nom.

    Par ailleurs, une règle orthographique veut que la lettre e s’écrive en français sans accent si elle est suivie dune double consonne mais qu’elle soit prononcée [é], comme dans le mot cellier.

    Il en ressort qu’il n’existe pas une seule bonne prononciation, mais que les deux variantes sont tout aussi correctes et qu’elles ont autant de légitimité l’une que l’autre.

    Si, aujourd’hui, 90 % des gens prononcent [montpeulier] et 10 % [montpéllier], aucun linguiste ne peut prédire l’avenir. Stabilisation et début de reconquête de [montpélier] ou au contraire amenuisement, voire disparition de cette prononciation…

    Il convient toutefois de noter que les deux prononciations sont aujourd’hui attestées dans les dictionnaires Larousse, alors que seule [montpeulier] figurait dans les éditions antérieures.

    Traité de prononciation française, Pierre FOUCHÉ, Éditions Klincksieck,1969.

    Les noms de Montpellier, Jacques BRES et Philippe MARTEL, Éditions Praxiling, 2001.

    L’emploi de termes anglo-américains dans les programmes de radio et de télévision suscite toujours un abondant courrier. Si la prolifération des anglicismes n’est pas le seul fait des journalistes et des animateurs, il leur appartient de donner l’exemple et de renoncer à employer des mots ou expressions incompréhensibles pour les téléspectateurs comme le « business performance management » qui revient sur une radio publique sans explication ni traduction, ou encore : « on va focusser sur ce problème » …
    Parmi les termes anglais favoris des médias, la plupart ont un équivalent français : tireur embusqué pour sniper, tueur en série pour serial killer, l’équipe de France pour la [tim] team française, en direct ou enregistrement public pour live.

    L’anglicisme look, création française qui fait sourire Anglais et Américains, sert à de nombreuses créations : looking, lookage, relooking, relookage, looké, relooké qui riment avec booking, surbooking, booké, surbooké overbooké.

    Le remake d’un film pour nouvelle version a donné : [remékeriser] un film culte ou un film en version [remakirisée], la prononciation variant d’un locuteur à l’autre. À la presse mondaine a succédé la presse people.

    Tout bouge et les mots anglais deviennent vite détournés de leur sens. Ainsi, à la définition de « nominé » donnée par les dictionnaires : « dont on a cité le nom pour être digne d’un prix », a succédé une nouvelle définition imposée par les émissions de télé-réalité : « dont on a cité le nom pour être éliminé ».

    On ne sélectionne plus les candidats, on les caste [câste], comme si le « a » comportait un accent circonflexe, prononciation aujourd’hui presque disparue dans les mots français.
    Cette tendance à employer l’anglais se retrouve dans la prononciation et dans l’orthographe de mots français : la [natcheure] pour la nature, les connections pour connexions, le language pour le langage.
    Les postes de contrôle sont des check points, le rush est de retour.

    Un village isolé dans la campagne française est décrit comme un lieu in the middle of nowhere, ce que peu d’auditeurs sont à même de comprendre.

    À l’oral, ce sont le futur et le conditionnel présent qui sont le plus fréquemment écorchés : « vous metteriez » pour « vous mettriez », « vous résolverez» au lieu de « vous résoudrez ».

    Le verbe acquérir et, moins souvent utilisé, le verbe conquérir posent des problèmes non seulement au futur et au conditionnel (« vous acquérirez » pour « vous acquerrez ») mais aussi au passé composé (« ils ont conquéri » à la place de « ils ont conquis »).

    Les verbes croire et voir créent davantage encore d’hésitations et suscitent de nouvelles formes de conjugaison. Ces deux verbes en effet ont à la troisième personne du singulier et du pluriel, au présent de l’indicatif comme au présent du subjonctif, des formes différentes à l’écrit : « il croit, ils croient, pour qu’il croie, pour qu’ils croient », « il voit, ils voient, pour qu’il voie, pour qu’ils voient ». Et pourtant, elles se prononcent toutes de la même façon, [voi] et [croi].

    Pour distinguer le singulier du pluriel, on entend de plus en plus souvent chez les invités, et quelquefois même chez les animateurs, des formes qui n’existent pas dans notre conjugaison : « ils croivent, ils [voillent] orthographiée ils voyent, qu’il s’agisse de l’indicatif ou du subjonctif.

    À l’écrit en revanche, que ce soit dans les incrustations ou dans le sous-titrage, le présent du subjonctif de ces deux verbes est la plupart du temps ignoré et remplacé par le présent de l’indicatif (« pour qu’il croit » au lieu de « pour qu’il croie » , « pour qu’il voit » à la place de « pour qu’il voie »).

    Le subjonctif du verbe avoir « qu’il ait » devient fréquemment « qu’il aie », par confusion avec «  que j’aie » ou avec l’impératif aie. Les formes « ayons, ayez » « soyons, soyez », quant à elles, sont orthographiées à tort (ayions, ayiez), (soyions, soyiez) avec un y inutile et fautif.

    Le verbe conclure disparaît au profit d’un verbe concluer, si l’on en juge par la fréquence à la télévision comme dans la presse écrite, des formes « il conclue, il concluera » en lieu et place de « il conclut, il conclura » apprises à l’école.

    À la deuxième personne, l’impératif présent des verbes du premier groupe continue d’être orthographié avec un s : « chantes » au lieu de « chante » malgré la règle : « La deuxième personne du singulier de l’impératif présent des verbes en –er (sauf aller, « va ») se termine par e, excepté devant les pronoms en et y non suivis d’un infinitif.

    Comparons « Chante, danse, voyage » avec « Manges-en. Penses-y. Vas-y » (s avec trait d’union) ou encore « Va y porter ordre. Ose en dire du bien » (en et y suivis d’un infinitif) et même « Va-t’en. Retourne-t’en. », avec apostrophe, le t n’étant pas une consonne analogique comme dans « Aime-t-il ? » mais le pronom te dont le e est élidé, l’apostrophe dispensant de mettre le second trait d’union.