L’usage des réseaux sociaux pour s’informer est en croissance en France. Les Français s’informent désormais quasiment autant en ligne (69 %) que via la télévision (71 %). Plus particulièrement, l’usage des réseaux sociaux pour s’informer atteignait 42 % en 2019.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel est le garant de la liberté d’expression, dans l’intérêt du public et des professionnels du secteur. La loi relative à la lutte contre la manipulation de l’information du 22 décembre 2018 lui confie de nouvelles compétences visant à répondre à certains des enjeux pour la démocratie qui sont apparus dans l’univers numérique.
S’appuyant sur des analyses quantitatives et qualitatives, la présente étude (disponible en téléchargement ci-dessous) propose un éclairage sur les mécanismes de propagation et de correction des fausses informations sur un réseau social populaire, Twitter.
Version anglaise de l'étude :
Ce travail vient enrichir la connaissance du CSA dans l’exercice de ses missions et témoigne de sa montée en compétence technique en matière d’outils et de méthodes de traitements des données. Il vise également à contribuer à une meilleure compréhension des phénomènes de diffusion des fausses informations par le grand public et par la sphère publique.
Pourquoi le CSA a-t-il mené une étude sur la propagation des infox sur Twitter ?
Marine Gossa, Chargée de mission Plateformes à la Direction des études, des affaires économiques et de la prospective du CSA.
Les plateformes numériques qui participent à l’information des citoyens ont un devoir de transparence et de coopération avec les pouvoirs publics. Au titre de leur devoir de coopération, la loi du 22 décembre 2018 prévoit que le CSA assure le suivi des obligations de moyens des opérateurs de plateformes en ligne, dépassant un seuil de connexion de 5 millions d’utilisateurs uniques par mois (moyenne annuelle).
La recommandation du CSA aux opérateurs de plateforme en ligne.
A lire, les études du CSA sur les réseaux sociaux :
Comment le CSA a-t-il mené son analyse ?
Raphaël Sitruk, Chargé de mission Data science à la Direction des études, des affaires économiques et de la prospective du CSA.
Que fait ressortir un cas concret d’infox ?
Marine Gossa, Chargée de mission Plateformes à la Direction des études, des affaires économiques et de la prospective du CSA.
>> Lutte contre les infox : Le CSA publie son premier bilan.
Pour en savoir plus :
Quels sont les principaux enseignements de l’étude ?
En matière de propagation des fausses informations, cette étude fait apparaître que les comptes connus pour en partager sur Twitter, s’ils sont moins populaires que ceux des sources dites fiables, bénéficient néanmoins d’abonnés très actifs qui vont plus fréquemment interagir avec les contenus publiés par ces comptes. Ce public a cependant largement tendance à suivre d’autres sources, notamment des médias traditionnels. Les sujets abordés par ces comptes non fiables et faisant l’objet du plus grand nombre d’interactions sont liés à l’actualité ou à des sujets clivants voire polémiques.
Les corrections des fausses informations suivies dans cette étude ont par ailleurs montré que toutes présentent une forte concentration de Tweets sur une période très courte. Pour les plus populaires, la fausse information est davantage présente que sa correction. Celle-ci est publiée par des médias ou par des utilisateurs. Le correctif ne devient majoritairement discuté que lorsque le sujet s’essouffle sur Twitter.
Comment définir la viralité d’une fausse information sur Twitter ?
La viralité est définie par la capacité de propagation que peut avoir un contenu auprès des individus. Cette propagation a été étudiée en analysant le nombre de ReTweets, l’évolution dans le temps du nombre de Tweets et d’informations, la vitesse de diffusion, etc.
Un point important à souligner : le CSA n’a pas fait de distinction entre les ReTweets simples et les ReTweets avec citation (qui peuvent être un moyen pour un utilisateur de Twitter de corriger une information en la partageant), cette possibilité n’étant à l’époque pas disponible sur l’API de Twitter.
Comment le CSA a-t-il travaillé sur les fausses informations dans son étude ?
Dans son étude, le CSA étudie les mécanismes de propagation et de correction des fausses informations sur le réseau social Twitter. L’attention croissante portée à ce phénomène s’accompagne de différentes notions, selon la volonté de tromper (désinformation) ou non (mésinformation) des auteurs de ces publications. La notion de « fausse information » retenue dans l’étude regroupe ces deux phénomènes
Pour son analyse, le CSA a fait le choix de s’appuyer sur le travail de tiers spécialisés dans la qualification et la vérification des fausses informations. Leur démarche consiste à repérer et traiter les (fausses) informations afin de les remettre en contexte et d’apporter un éclairage aux citoyennes et citoyens. 20 Minutes, l’Agence France-Presse, France 24, France Info, Libération ou encore Le Monde sont quelques-uns de ces fact-checkers. C’est la base de données du Monde, le Décodex, que le CSA (nouvellement Arcom) utilise ici pour suivre les comptes qualifiés d’émetteurs de fausses informations sur Twitter.
Comment l’étude a-t-elle été menée sur Twitter ?
Les données nécessaires à la réalisation de l’étude ont été collectées grâce à l’API ouverte de Twitter. Une API est une interface qui permet, à travers des outils de programmation, à des applications de se communiquer des services ou des données. L’API proposée par Twitter permet notamment de collecter les Tweets (messages) émis par un compte, les statistiques propres à chaque Tweet (nombre de ReTweets, nombre de « J’aime »…) ou l’identité des comptes qui suivent ou sont suivis par un compte donné. L’API permet également la recherche de Tweets contenant un mot-clé donné.
Au regard du caractère personnel de certaines de ces données, leur collecte et leur exploitation se sont faites dans le strict respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Qu’est-ce qu’une chambre d’écho ?
Dans cette étude, le CSA cherche notamment à comprendre si certains utilisateurs de Twitter sont susceptibles de suivre des comptes dont la fiabilité est douteuse sans suivre dans le même temps ceux réputés comme étant fiables et donc susceptibles de corriger les fausses informations que pourraient publier les premiers.
Les individus suivant uniquement des comptes peu fiables et aucun compte fiable sont caractérisés dans l’étude comme enfermés dans une chambre d’écho.
Toutes les études, bilans, rapports et activités du Conseil supérieur de l’audiovisuel, sont disponibles en téléchargement, dans les Collections du CSA.